Le Galgenberg, en province de Luxembourg, est un héritage de notre période médiévale et d’une vision plus expéditive, mais fonctionnelle, de la justice.
Cette chronique risque d’incommoder les personnes sensibles, donc ne vous sentez pas obligés d’aller jusqu’au bout de sa lecture si vous vous sentez mal : l’Histoire, ça comporte également des moments qui piquent le coeur… et les yeux…
“Galg-en”, signifie “les potences”, en Allemand et en Néerlandais, tandis que “berg”, signifie “la colline”. La “potence”, de “potentia”, c’est “le pouvoir, l’autorité”, en Latin, et donc les instruments et les lieux qui y sont associés… tout un programme.
Après la chute de l’empire romain, et sa reconstruction temporaire par Charlemagne en 800 de notre ère, la religion catholique chrétienne revint en force pour établir ses lois et ses rites d’exécution en Europe occidentale.
C’est logique car elle a reconnu le pouvoir du célèbre roi des Francs, et sa filiation avec l’empire romain : on ne va pas contredire ceux qui nous laissent notre boulot ! Est-ce ce que le Roi se plaint de l’informateur de son gouvernement toujours non-formé ? Non, puisqu’il n’aborde pas (encore ?) la question de la pension royale !
Le maintien de la puissance des potentats devait reposer sur une justice aussi expéditive que réglementée, d’où les notions de haute justice, avec la peine de mort, autorisée par privilège royal.
Le niveau intermédiaire, c’était la moyenne justice, avec les peines de prison, autorisées selon le rang dans la pyramide de la noblesse locale.
Le plus bas de ces niveaux, c’était la basse justice, avec les châtiments corporels et l’exhibition au public.
Les nobles, selon leur rang, avaient le privilège, accordé par le Roi local, de rendre la haute, la moyenne ou la basse justice sur les terres dont ils avaient la charge.
À l’instar des impôts sur la fortune, du cumul des mandats et des poursuites judiciaires aujourd’hui, les nobles et les riches d’alors avaient déjà des passe-droits, jusqu’à la Révolution française, dont celui d’être exécutés par décollation.
Cette peine consiste en la séparation de la tête et du corps, réalisée à la hache, ou avec une épée d’exécution dans nos contrées plus germaniques, sans être soumis aux insultes, ordures et autres quolibets de la populace.
On a beau être un meurtrier condamné, on reste un noble et il n’y a pas de raisons pour nous faire souffrir : il faut être né pour comprendre cela. Demandez à celle qui a fait brûler les masques au début du Covid, ou à celui acheta des hélicoptères qui ne volaient pas, sans le savoir…, puis qui se chargea d’acheter des vaccins …
Pour les citoyens non nobles, bourgeois et pauvres, c’était à la corde que tout se réglait : ça durait plus longtemps, ça coûtait moins cher et ça décorait les alentours… un peu comme ces affiches électorales que certains partis ont la flemme d’aller chercher et qui traînent encore dans nos communes.
De nos jours, nous sommes bien plus civilisés et nous vivons dans une démocratie qui a réinventé les taxes pour qu’elles remplacent les chaînes : plus besoin de gibet.
Notre société si moderne a aussi imposé la dépendance sociale, qui devient une obligation dont l’abstention sera lourdement punie, et qui repose sur les principes “légitimes” et “sociaux” du droit de succession, du précompte immobilier, de la taxe de circulation de votre voiture, de l’électricité, … mais jamais de la taxe sur les grandes fortunes.
Pendant le Moyen-Âge, la religion chrétienne interdisait de commettre un meurtre, alors que la punition préconisée pour se débarrasser des meurtriers, c’était la peine dite “capitale”, de “caput”, en Latin, qui signifie “la tête”, puisque qu’on coupe la tête du méchant.;; ce qui est aussi… un meurtre.
Actuellement, les meurtriers sont gardés quelques mois en garde à vue, voire font un peu de AirBnB chez les juges, avant d’aller reprendre leurs activités parce que la Justice est mal faite, ou plutôt mal rendue, et que seuls les riches et les criminels sont acquittés dans notre magnifique état de droit…
On ne peut pas tuer les gens, c’est Dieu qui l’a dit, mais l’épisode du suicide de Judas, le traître qui a vendu Jésus, fournit une solution : il existe la pendaison. La corde tue, pas la main de l’Homme… c’est la domotique avant l’heure !
Contrairement à l’architecture unique et répétitive des cow-boys, l’Europe médiévale fait preuve d’une immense imagination, presque aussi délirante que celle des collecteurs d’impôts qui nous préparent nos feuilles chaque année, ou des intercommunales qui augmentent le prix de leurs services sans concertation avec les communes.
Grâce à un noeud coulant, on pend par le cou, d’un coup, ou lentement, par un bras, par un pied, par les deux bras attachés dans le dos, ou en vous laissant retomber toutes les x secondes d’une certaine hauteur, c’est l’estrapade.
Dans cette période où la justice était aussi expéditive que les facteurs contractuels, qui bâclent leur travail pour terminer plus vite, on construisit des bâtiments réservés aux exécutions capitales.
Le Gibet de Monfaucon est un exemple de ce type de bâtiment, souvent construit comme un angle droit, doté de plusieurs étages, chacun pourvu de plusieurs fenêtres pour y suspendre un condamné… à peu de choses près, cela aurait rappelé le générique d’introduction du Muppet Show.
Pendant cette période reculée, l’impact psychologique de la scène soulageait temporairement les foules locales de leurs frustrations en leur fournissant un exutoire, car le ou la condamné/e était amené en charrette sous les huées, les jets d’ordures ou de pierres de la population.
Cela remplissait aussi la fonction d’exemple, en ancrant profondément le châtiment réservé à certains crimes dans l’imaginaire populaire. Enfin, en l’absence de plateforme télévisuelle, cela occupait un après-midi avec les enfants à moindre frais.
Contrairement à notre époque, où nous installons des gouvernements et des parlementaires partout et n’importe où, avec du mobilier hors de prix, quand les gares populaires sont en chantier depuis plus de dix ans, le Moyen-Âge était très pragmatique.
La suspension des condamnés devait se faire en un point assez proche de la ville, visible à une grande distance, depuis les axes de communications majeurs les plus proches, à l’écart des terres utiles ou d’habitations, pourvu de suffisamment de ressources pour pouvoir y construire et y réparer les infrastructures.
L’accès à ce lieu de mort devait aussi être préparé et entretenu, afin d’y faciliter le déplacement de foules nombreuses de piétons, des charrettes des nobles et du condamné, ainsi que des chevaux des élites.
Cette colline du gibet appartenait aux terres du souverain, comme on le voit encore sur les cartes de la période autrichienne de Ferraris, en 1788, notamment pour Arlon.
À Bruxelles, le Galgenberg se trouvait sous ce qui est maintenant la Place Poelaert.
Le condamné, arrivé en haut de la colline, montait les marches qui menait à sa fenêtre “à regrets”, sûrement parce qu’il n’avait pas envie d’y monter, d’où le nom d’Abbaye de Monte-à-Regrets, qui sera aussi attribué aux guillotines par la suite.
Ce nom provient aussi de la phrase “à regrès”, comme “régression”, ce qui veut dire “en reculant”, afin que toute l’assistance puisse voir son visage et qu’il ou elle tombe, histoire de faire durer le voyeurisme morbide de l’assistance et rire les gens.
Comme vous le savez, l’une des causes essentielles de la mort par pendaison par le cou est la rupture de la moelle épinière au niveau de la nuque, suite à la fracture des vertèbres qui composent cette partie de la colonne vertébrale.
C’est, pour ce qu’on en sait des médecins qui y ont assisté, encore le moindre mal car la mort est quasiment instantanée.
La deuxième cause probable de la mort, c’est l’ischémie, soit le blocage de l’approvisionnement du cerveau en sang, ce qui prend plus de temps et laisse au condamné l’occasion de souffrir et de se voir mourir… tout un programme.
La troisième, c’est la strangulation proprement dite, soit le blocage des voies respiratoires par la corde placée autour du cou, ce qui laisse le condamner étouffer.
L’estrapade, elle, visait à attacher le condamné avec les deux bras dans le dos, puis à le soulever au moyen d’une corde y fixée en haut de sa potence, avant de le relâcher pour qu’il tombe lourdement sur le sol, et de répéter l’opération jusqu’à ce que la personne soit décédée.
Enfin, la pendaison par le pied ou les pieds, avec la tête en bas, visait à causer de lourdes hémorragies par sursaturation des vaisseaux et des organes, ce qui entraînait également une mort douloureuse… ici nous arrêterons cet horrible catalogue de l’horreur.
Le poète François Villon, qui a eu bien de la chance de ne pas finir au bout d’une corde, a composée une “balade des pendus,”, sans doute pour commémorer certains de ses amis de guindailles, qui coururent moins vite que lui, et que les professeurs de français font parfois étudier en secondaire.
Le corps du condamné était laissé à pendre, à la merci des animaux comme les corbeaux ou les rats, vu que les autorités interdisaient le plus souvent la récupération des corps, jusqu’à ce qu’ils tombent en morceaux. Là, par terre, au sommet de la colline, ils étaient la proie des chiens et offraient à la population une série de senteurs macabres et de visions d’horreurs qui ne devaient pas participer à la bonne hygiène des lieux.
Heureusement, avec l’avancée du temps, la Renaissance et l’Âge Moderne, les médecins, les résurrectionnistes et les bourreaux trouvaient des moyens de s’arranger pour assurer le développement de nos connaissances sur l’anatomie humaine, en récupérant en douce les corps avant leur décomposition.
Quand les Sans-Culottes français arrivèrent dans notre belle province de Luxembourg, tout près de la ville d’Arlon pendant les deux batailles du même nom en 1793 et 1794, ils se hâtèrent de détruire cet horrible symbole de la toute puissance des empereurs autrichiens.
À la place de cette horreur, les braves hommes installèrent certainement une guillotine en plein centre-ville, parce que la liberté, l’égalité et la fraternité reposaient sur des instruments de pointe, et pas sur des noeuds coulants moyenâgeux…
C’est avec le règne de Napoléon Ier que cette barbarie prendra fin, et que les exécutions deviendront bien plus rares, grâce à son Code Napoléon, et qu’elles se dérouleront dans l’intimité des prisons.
La Belgique indépendante limita de plus en plus l’application des peines capitales, jusqu’à l’abolition de la peine de mort dans les années 1970.
Grâce à cette superbe décision pleine d’humanité, la surpopulation carcérale des délits mineurs bat son plein, les jeunes sont radicalisés, les récidivistes sont relâchés et les multi-récidivistes se baladent en toute liberté, tandis que leurs bracelets électroniques ne les empêchent pas de reprendre de mauvaises habitudes.
Devant toutes ces horreurs, et les décisions juridiques dictées par le politique ou la recherche de visibilité dans la presse par les magistrats, nos courageux policiers sont incapables d’empêcher des assassins d’enfants de sortir pour aller se cacher chez les soeurs, et les parents des victimes sont démunis.
Heureusement, dans notre belle province de Luxembourg, ce lieu de mort et de tristesse devint un magnifique quartier résidentiel, destiné aux protecteurs de notre population et de notre pays, comptant aussi deux écoles assurant l’éducation de notre avenir.
Entre ces trois lieux d’espoir et de joie, tout près du sommet du Galgenberg d’Arlon, une croix discrète se dresse au carrefour de la Rue des Hêtres et de l’Avenue du Galgenberg, hommage discret à toutes ces victimes qui, coupables ou non, vécurent les pires moments de leurs vies à cet endroit, remplis actuellement de rires d’enfants.
De même, et comme cela apparaît aussi dans la Balade des Pendus de François Villon, une Chapelle, la Chapelle Saint Bernard, s’étend non loin de là, sans doute afin d’assurer une présence religieuse pour le salut des âmes des condamnés.
J’adore cette province : partout, on y soulève un caillou, pour découvrir un château-fort en-dessous.
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